Alain Delon, étoile du cinéma français, est mort.

Luchino Visconti et Alain Delon, à Paris, en mars 1961.

Alain Delon est ainsi une figure avant d’être un artiste, un visage avant d’être une personne. Il a été l’artisan – pas toujours conscient – de cette construction sans égale dans le paysage français, qui a souvent éclipsé son travail. Peu d’acteurs se sont consacrés avec autant d’intensité au cinéma. Il avait à peine commencé sa carrière qu’il s’est donné tout entier à René Clément dans Plein soleil (1960), à Luchino Visconti dans Rocco et ses frères (1961), marquant les bornes d’un registre (le criminel, selon Patricia Highsmith, la figure dostoïevskienne, selon Visconti) qui a presque toujours été sous-estimé.

Défrayer la chronique

A ce travail, il faut ajouter la part qu’Alain Delon a prise à la conception des films dans lesquels il a joué, pour le meilleur – L’Insoumis (1964), d’Alain Cavalier, Monsieur Klein (1976), de Joseph Losey –, et pour le reste. Mais le travail de l’artiste est passé par le filtre de l’opinion publique. Un spectateur né en 1940 se souviendra de l’éphèbe aux yeux bleus qui paraissait plus souvent qu’à son tour dans les prétoires ; né en 1970, on se rappelle de l’imprécateur qui proclamait aussi bien son amitié pour Jean-Marie Le Pen que son engagement pour la paix en Nouvelle-Calédonie.

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