Le nom de famille n’était pas celui auquel Thomas s’attendait, mais la manière dont il le prononça semblait forcée, presque apprise.
« Depuis quand vis-tu dans la rue, Alex ? »
« Depuis quelques années, » répondit-il évasivement. « Pourquoi tu me poses toutes ces questions ? Tu es policier ? »
Thomas secoua la tête, l’esprit en ébullition.
Cinq ans plus tôt, Sofia s’était volatilisée. Cinq ans d’enquêtes privées, de récompenses à sept chiffres, de nuits sans sommeil, de fausses pistes. Et maintenant, devant lui, se tenait un enfant avec le collier unique de sa fille, un âge compatible, des yeux de la même teinte.
« Écoute, Alex, » dit Thomas en sortant son portefeuille, « tu as faim ? Je peux t’offrir quelque chose à manger. »
Le garçon regarda l’argent avec un besoin évident, mais resta à distance. Il était futé : il savait que, dans la vie, rien n’est gratuit, surtout de la part d’inconnus bien habillés.
« Pourquoi tu ferais ça ? » demanda-t-il d’une voix prématurément sage.
Thomas s’arrêta un instant. Il ne pouvait pas dire la vérité. Pas encore.
« Parce que tout le monde mérite un repas chaud. »
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